Bérénice savourait sa solitude. Pour la première fois de sa vie elle était maitresse d' elle-même. Elle n'avait pas même l'obligation de téléphoner pour dire qu'elle ne rentrerait pas déjeuner quand l'envie lui prenait de poursuivre sa promenade.
Oh, le joli hiver de Paris, sa boue, sa saleté et brusquement son soleil ! jusqu'à la pluie fine qui lui plaisait ici. Quand elle se faisait trop percante , il у avait les grands magasins, les musées, les cafés, le métro. Tout est facile à Paris. Rien n'y est jamais pareil à soi-même. II у a des rues, des boulevards, ou l`on s'amuse autant à passer la centième fois que la première...
Par exemple l'Etoile... Marcher autour de l'Etoile, prendre une avenue au hasard , et se trouver dans un monde absolument différent de celui où s'enfonce l`avenue suivante... C`était vraiment comme broder, ces promenades-là. . . Seulement, quand on brode, on sait un dessin tout fait , connu, une fleur, un oiseau. Ici on ne pouvait jamais savoir d'avance si ce serait le paradis rêveur de l`avenue Friedland ou le grouillement de l'avenue de Wagram ou cette campagne en dentelles de l'avenue du Bois. L'Etoile domine des mondes différents comme des êtres vivants.
Brusquement la ville s'ouvre sur une perspective, et Bérénice sortait de cet univers qui l'effrayait et l'attirait, pour voir au loin l`Arc de triomphe. Que с'est beau, Paris !
D’après L. Aragon, Aurélien
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